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Des milliers de martres sauvées du piégeage !
C’est LA grande bonne nouvelle de notre victoire devant le Conseil d’État : après le déclassement du putois d’Europe, il y a quatre ans, la martre des pins se voit elle aussi totalement retirée de la liste des « ESOD », partout en France. Même s’il y a un risque que ce discret mustélidé, inféodé aux bois et forêts, soit à nouveau reclassé sur la prochaine liste triennale (2026-2029), nous avons de bonnes raisons de penser que le gouvernement s’abstiendra de le faire. En effet, une jurisprudence européenne datée du 29 juillet 2024 et citée par le Conseil d’État pour justifier sa décision rappelle « que les prélèvements de spécimens d’une espèce figurant à l’annexe V » de la directive « Habitats », « doivent être compatibles avec le maintien de l’espèce dans un état de conservation favorable ».
Or, comme le relève le juge, « il ne ressort pas des pièces des dossiers que le ministre ait fourni, pour justifier du classement de la martre en tant qu’ESOD, des données fiables et actualisées relatives à l’état de conservation de cette espèce ». Il est gratifiant de voir que cet argument, longtemps soulevé par l’ASPAS dans ses précédents recours, a enfin pris effet.
Adoptée en 1992, la directive « Habitats » s’applique à la France qui se doit de veiller, comme tous les États membres de l’UE, à la bonne conservation de certaines espèces sauvages et d’empêcher la dégradation de leurs milieux. Si son annexe V, sur laquelle figure donc la martre (tout comme le putois, le bouquetin, la grenouille verte, etc.) est moins protectrice que l’annexe IV (où figurent le lynx, l’ours, et jusqu’à très récemment… le loup), ce classement ne permet en aucun cas aux États de laisser une destruction illimitée s’opérer, 12 mois sur 12, sans connaissance préalable de l’état des populations !
Quand on sait que la martre, grande consommatrice de rongeurs et de fruits, n’est responsable que d’une part très anecdotique d’attaques sur les basses-cours et les ruches, et de prédations sur le « petit gibier » convoité par les chasseurs, on peut espérer que l’acharnement contre ce petit prédateur – qui n’est plus « ESOD » mais qui reste « chassable » – faiblira avec le temps, et que les chasseurs ne se fatigueront pas à lancer de grande contre-offensive pour qu’elle redevienne à nouveau « nuisible »… Trop naïfs nous sommes ? Peut-être, hélas… À suivre !
Photo d’en-tête : © Fabrice Cahez