Articles récents

Justice pour l’ourse Caramelles : l’ASPAS sera au procès des chasseurs

Elle était âgée de 22 ans, avait eu plusieurs portées, et présentait un important intérêt naturaliste et génétique pour la perpétuation de l’espèce dans les Pyrénées. L’ourse surnommée « Caramelles » a été tuée le 20 novembre 2021 au cours d’une battue aux sangliers, dans une réserve interdite à la chasse située sur la commune de Seix, en Ariège. L’ASPAS, qui avait déposé plainte au moment des faits, attend beaucoup du procès historique qui se tient les 18 et 19 mars 2025 au tribunal correctionnel de Foix. Au total, 16 chasseurs seront jugés, dont l’auteur du tir mortel. 

Cette matinée d’automne, l’ourse vaquait tranquillement à ses occupations, accompagnée de ses deux oursons, quand elle a été dérangée par la battue de chasse organisée par l’ACCA de Seix. Sentant la menace, elle a blessé un chasseur. Ce dernier, qui n’a en aucun cas respecté les recommandations de bonne conduite à tenir face à un ours, a utilisé son arme contre elle. Le tir lui sera fatal et laissera orphelins ses deux oursons : un acte gravissime perpétré à l’encontre d’une espèce strictement protégée et dont l’état de conservation demeure très fragile dans les Pyrénées.

L’enquête, menée par l’OFB, a permis de révéler que ce jour-là, le responsable de battue n’était pas présent au début des opérations, pas plus que la personne chargée de donner aux participants les consignes de sécurité. Plus grave encore : certains chasseurs utilisaient du matériel électronique non autorisé et le carnet de battue a fait l’objet d’une altération frauduleuse.

Surtout, la battue s’est déroulée dans la Réserve du Mont Valier, une propriété de l’Etat sur laquelle l’ACCA n’a pas le droit de chasser. Aucune battue dans ces environs n’aurait de toute façon dû être organisée à cette période, la présence des ours dans le secteur ayant préalablement été détectée et signalée aux chasseurs.

De manière plus générale, se pose aussi la question de la pertinence de chasser les sangliers en zone montagneuse, où les dégâts aux activités humaines sont faibles voire inexistants, et où ils sont naturellement dispersés et régulés par les grands prédateurs.

De nombreuses associations de protection de la nature se sont portées partie civile dans cette grosse affaire d’atteinte à l’environnement, aux multiples acteurs, et dont l’ASPAS attend des condamnations exemplaires au regard de la gravité des faits.

Photo d’en-tête : Caramelles en 2014 © CC BY-SA 4.0