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Justice pour un loup tué lors d’une battue de chasse !
En 2020, dans la Drôme, un loup a été retrouvé mort au lendemain d’une battue de chasse. Après une enquête minutieusement menée par l’OFB, un suspect a pu être identifié puis traduit devant la justice, deux ans plus tard. L’ASPAS avait porté plainte dans cette affaire.
Le ciel était bleu et les températures plutôt clémentes, ce 10 octobre 2020 sur les lieux de la battue aux sangliers organisée par l’ACCA de Roche-Saint-Secret-Béconne, dans le parc des Baronnies au sud de la Drôme. Des conditions de visibilité a priori plutôt optimales pour un chasseur sachant chasser, c’est-à-dire sachant identifier sa cible avant de tirer… Et pourtant ! Un loup est mort ce jour-là, tué par la carabine de Jacques C., à une quinzaine de mètres du poste de chasse qu’il occupait.
Mais ce n’est pas là que le loup a été retrouvé, le lendemain matin, par deux autres chasseurs : c’est plus bas, au bord d’un chemin surmonté d’un grand rocher, à la vue de tous. L’enquête révèlera que Jacques C. avait d’abord tenté de dissimuler le cadavre du loup dans un buisson avant qu’il ne se décide à finalement déplacer l’animal, pour qu’on le retrouve. Voulait-il mettre en scène sa mort, faisant croire qu’il avait chuté du rocher ? À première vue, on aurait pu le penser, le loup étant touché aux pattes… Mais l’absence de sang autour du corps intrigue les agents OFB qui ne mettent pas longtemps à comprendre la supercherie.
Ayant rapidement suspecté Jacques C. dans la mort du loup – un jeune mâle âgé d’environ 18 mois – les enquêteurs ne tarderont pas à réunir suffisamment de preuves pour inculper ce chasseur de 56 ans, chef de battue ce jour-là, et dont les différents interrogatoires révéleront bien des incohérences : il aurait changé de poste de chasse en cours de battue à cause du froid, il aurait tiré sur un groupe de sangliers puis finalement sur un seul gibier non identifié « noir ou gris, d’environ 40 kg »…
Jacques C. est d’ailleurs le seul chasseur à avoir utilisé son arme parmi les 19 participants à la battue ce jour-là (aucun animal à part le loup n’a apparemment été tué), et les éclats de balle retrouvés dans le corps du loup, analysés par l’Institut national de police scientifique, s’avéreront correspondre aux munitions utilisées par la marque de carabine de Jacques C.
2000 euros d’amende et confiscation de la carabine
L’enquête terminée, Jacques C. a été mis en examen pour destruction non autorisée d’espèce protégée, transport non autorisé d’espèce protégée, chasse de gibier dont la chasse est interdite et non-respect des prescriptions du schéma départemental de gestion cynégétique relatives à la sécurité des chasseurs et des non-chasseurs.
Jugé le 13 mai 2022 au Tribunal judiciaire de Valence (26), Jacques C. est déclaré entièrement responsable des faits qui lui sont reprochés. Il écope d’une amende de 2000 euros dont 1500 avec sursis et se voit confisquer son arme de chasse. Il est par ailleurs condamné à reverser 500 euros à l’ASPAS au titre de son préjudice moral.
Les loups braconnés, pas toujours décomptés des « tirs officiels »…
Les sanctions à l’encontre de Jacques C. peuvent paraître très légères au regard de la gravité des faits, cependant l’ASPAS se satisfait que l’enquête ait pu être menée à son terme sérieusement et qu’il y ait eu condamnation. Les cas de braconnage résolus sont en effet très rares… De l’aveu même de l’OFB, des loups tués par des chasseurs il y en a plusieurs chaque année, sans qu’on ne retrouve ni les corps ni les coupables… L’organisme d’État reconnaît aussi que ces actes de braconnage faussent forcément la « gestion » des effectifs de la population nationale, puisque les corps non retrouvés ne peuvent pas être décomptés du plafond de « destruction » annuel.
Pourtant, l’État continue de tuer « légalement » jusqu’à 19% de la population totale de loups chaque année en France, ce qui représente désormais un maximum de 174 individus depuis le dernier comptage officiel !
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