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Un tueur de rouges-gorges condamné à de lourdes peines

Des milliers de rouges-gorges et autres petits passereaux ont été piégés, mangés ou revendus par Max A. pendant plus de 40 ans, dans le Var. Dénoncé et traduit en justice, le braconnier a écopé de peines exemplaires lors d’un procès qui s’est tenu le 26 septembre à Toulon. L’ASPAS s’est portée partie civile dans cette affaire.  

C’est une lettre anonyme adressée à la LPO puis transmise aux autorités policières en 2021 qui a permis de lever le lièvre. Signée « Des amis de la Nature et de la Faune », elle accuse Max A. d’être « l’un des plus grands braconniers d’oiseaux du Var » qui posséderait « 3 congélateurs de 500 litres remplis pour une quantité de 45 000 oiseaux »… 

La lettre est prise au sérieux et une enquête est diligentée. Après s’être renseignés sur l’identité du suspect (un ancien agriculteur de 77 ans) et sa zone supposée d’activité de piégeage, les agents de l’OFB organisent plusieurs opérations de surveillance à Revest-les-Eaux entre octobre 2021 et janvier 2022, saison pendant laquelle les rouges-gorges sont les plus réceptifs au nourrissage artificiel.  

Au total, quatre zones de piégeage sont identifiées sur une seule et même commune, avec une dizaine de pièges tendus par zone. Les oiseaux sont appâtés à l’aide de fourmis volantes (aludes) et tuées avec des petits pièges à mâchoire, des instruments de torture prohibés qui attrapent les oiseaux par le cou…  

En comptant le nombre de déplacements effectués par Max A. entre chaque zone, plusieurs fois par jour, les enquêteurs en arrivent à estimer à 160 le nombre d’oiseaux capturés par jour (!). En supposant que le braconnier agisse 20 jours par mois, de fin octobre à début mars, l’OFB estime à 12800 le nombre d’oiseaux qui pourraient être piégés chaque année par une seule personne, sur une seule commune…  

De telles quantités laissent aisément penser que Max A. ne piège pas les rouges-gorges uniquement pour sa propre consommation, mais qu’il les stocke et qu’il les commercialise à des tiers.  

Selon l’OFB, dans le sud-est de la France « les rouges-gorges sont consommés dans la plus grande discrétion et à des prix relativement élevés », souvent sous forme de brochette à hauteur de 30 euros les 6 oiseaux. Les passereaux piégés et commercialisés illégalement rapporteraient ainsi à Max A, selon la projection de l’organisme d’État, la petite fortune de 64 000 euros par an !  

25 000 euros d’amende et 6 mois de prison avec sursis 

L’enquête terminée, Max A. a été déféré devant la justice pour destruction d’espèces animales non domestiques protégées (principalement des rouges-gorges) et mise en vente ou vente d’espèces animales non domestiques protégées. L’ASPAS s’est constituée partie civile aux côtés d’autres associations de protection de la nature (LPO, One Voice et FNE PACA).   

Jugé le 26 septembre 2022 par le Tribunal de Toulon, il écope d’une peine particulièrement exemplaire : 6 mois de prison avec sursis, 25 000 euros d’amende, interdiction de détenir une arme, confiscation de tous les scellés… et publication de la décision de justice dans le magazine Le Chasseur Français  

Max A. est en outre condamné à reverser à chacune des parties civiles la somme de 3000 euros de préjudice moral.   

En plein déclin de la biodiversité, l’ASPAS se satisfait que la justice condamne avec autant de fermeté une telle destruction massive d’oiseaux, et que l’information soit portée à la connaissance des quelque 867 000 lecteurs du magazine de chasse le plus lu de France.

La presse en parle : Article de France 3 PACA du 28 septembre 2022

À lire aussi : Brochettes de rouges-gorges, un braconnier condamné dans les Landes

Photo d’en-tête : Rouge-gorge familier © Fabrice Cahez