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Un éleveur chasseur condamné pour avoir tiré sur deux vautours rares
L’homme de 62 ans, éleveur de moutons et trésorier de l’ACCA de Chaudebonne, dans la Drôme, a écopé de 4 mois de prison avec sursis, la confiscation de son arme et le retrait de son permis pour deux ans. Plusieurs associations de protection de la nature s’étaient constituées parties civiles dans cette affaire gravissime, dont l’ASPAS, qui a obtenu 1000 euros de dommages et intérêts.
Le 31 décembre 2022, deux rapaces protégés, rares et emblématiques, ont essuyé les tirs d’un berger sur la montagne d’Angèle, dans la Drôme provençale : un vautour moine et un gypaète barbu.
Le gypaète, une jeune femelle née en février 2022 nommée Canteperdrix, était munie d’un collier GPS. C’est grâce à ce dispositif qu’elle a pu être rapidement retrouvée, gravement blessée. Conduite à un centre de soins, elle est malheureusement morte des suites de ses blessures, malgré les soins vétérinaires apportés… Le vautour moine, lui, est mort sur le coup : il s’agissait aussi d’un jeune de l’année, suivi par l’association Vautours en Baronnies, baptisé IMJ.
Détruit jusqu’à la quasi-extinction avant de bénéficier du statut d’espèce protégée, le gypaète barbu est l’une des espèces les plus menacées d’Europe, à tel point qu’il fait l’objet de réintroductions depuis plusieurs années. Le vautour moine est lui aussi une espèce rare et à faible taux de reproduction, l’accroissement de ses effectifs dépend donc fortement du taux de survie des jeunes.
Ces deux vautours, exclusivement nécrophages (ils se nourrissent de cadavres), ne font peser aucune menace sur l’humain ou sur l’élevage. Ils sont au contraire des équarrisseurs naturels, ce qui permet d’éviter la propagation de maladies.
Un berger menaçant qui se promenait avec son fusil à l’épaule
Grâce à la balise GPS du gypaète et les investigations menées par les enquêteurs sur le réseau téléphonique du secteur, un suspect a rapidement ét é identifié. Auditionné par l’Office français de la biodiversité, l’homme de 62 ans a d’abord nié avoir tiré sur les vautours, avant de changer de version. Cet éleveur, par ailleurs trésorier de l’association communale de chasse de Chaudebonne, s’est vanté d’être « un bon chasseur » et d’avoir agi en légitime défense : s’il a tiré sur les vautours, c’est parce qu’ils menaçaient d’attaquer ses 300 brebis et son chien (un petit épagneul) !
D’après des témoins, cet individu , déjà soupçonné de tirs illégaux sur la faune sauvage, se promenait régulièrement dans la nature avec son fusil à l’épaule ou dans sa voiture et avait menacé à plusieurs reprises des randonneurs et autres usagers du secteur…
Le 6 décembre 2023, le tribunal correctionnel de Valence (26) a reconnu la culpabilité de l’éleveur pour des faits de destruction d’espèces protégées. Il a été condamné à 4 mois d’emprisonnement avec sursis, 2 ans d’interdiction de conserver un permis de chasse ainsi que la confiscation de son arme. Il a également dû indemniser les associations s’étant portées parties civiles en réparation de leur préjudice moral subi, soit un total de de 24 468 euros, dont 1000 euros pour l’ASPAS.
Destruction d’espèces protégées, pollution, infractions diverses… Retrouvez sur cette page l’ensemble des jugements pour lesquels l’ASPAS a obtenu gain de cause au cours du printemps 2024.
Photo d’en-tête : vautour moine (illustration) © Fabrice Cahez